Depuis le début des vacances je n'arrête pas de rêver de clichés ou de trains (des trains qui ne circulent pas sur la voie habituelle, qui ne vont pas dans la direction prévue, qui font des virages à 180 degrés en pleine gare, qui transportent du sable, dont la locomotive repart sans les wagons, sous lesquels les gens se précipitent puis arrivent à remonter sur le toit au dernier moment, qui me déposent pile devant le lycée de secteur où j'aurais dû aller au lieu de celui où j'ai été accepté et qui se situe dans la direction opposée, ou dans lesquels je retrouve des gens avec qui je n'ai pas envie d'être et que je croyais ne plus revoir quand j'ai quitté le collège). Mais nous traiterons seulement des clichés.
Loin de moi l'intention de vous raconter ma vie, je dois vous rapporter la deuxième partie de mon rêve (car il est toujours coupé en deux, avec parfois un petit interlude sur mes notes ; par exemple cette nuit j'ai eu 1/20 en physiques-chimie entre une réflexion sur les violonnistes sentimentaux et un épisode de la vie d'une lycéenne dans le train de 7h) : les clichés étaient concrétisés par des lieux où il ne fallait pas trop entrer sous peine de ne pas pouvoir en repartir. Il me reste seulement en tête l'exemple de Miranda, 10 ans, qui apprend le violon et qui s'y investit de plus en plus car la musique lui permet de s'extérioriser après la terrible peine que lui a infligée la mort de son père - tout cela noyé dans des larmes et des guirlandes de fleurs très cuculs (attention, je ne dis pas que l'histoire de Miranda n'est pas triste, mais il y a différentes manières de la raconter et celle-ci était particulièrelent niaise) - concrétisé par un parking souterrain.
Effectivement, il faut chercher le rapport. Après des jours de réflexion et d'interrogations sur le fonctionnement de mon cerveau, j'ai enfin trouvé : l'histoire de Miranda est la version simplifiée d'une histoire que j'ai commencé à écrire à treize ans et que, sotte comme j'étais, j'avais envisagé d'envoyer à une maison d'édition (c'était la période la plus ingrate de mon adolescence), et le parking souterrain est celui de la ville où j'ai fait mon stage en entreprise, en troisième, dans une maison d'édition, symbole du jour où j'ai réalisé que j'étais débile et que j'attendrais d'être suffisamment mature pour me faire éditer. L'histoire était clichée, mon idée d'édition absurde, et le parking m'a aidée à me faire ma première définition de la notion de cliché, voilà pourquoi ils étaient tous les deux réunis dans ce rêve.
Ce rêve de clichés est lié à la réécriture de mon "roman" car je me suis aperçue avec horreur qu'il y en avait des pages et des pages. J'essaie de corriger, et le résultat n'est pas si mal (je le redis, vive l'autosatisfaction). Quand j'ai écrit mon premier jet, je ne réalisais pas la nécessité d'éviter à tout prix de ne pas réfléchir à ce qui se passe et de toujours contrôler les personnages pour qu'ils ne deviennnent pas complètement abrutis : un sujet qui a du sens est un funambule danse avec habileté sur sa corde ; s'il est maladroit et qu'il penche à gauche ou à droite, c'est raté ; les personnages, qu'ils marchent d'un côté d'une piste ou de l'autre, suivent leur ligne mais se permettent des écarts pour donner du relief à leur parcours. L'histoire, on lui demande juste de bien jongler mais ce n'est pas trop difficile à faire. Du moins, avec ma petite expérience, c'est comme ça que je vois les choses.
Et maintenant, si une âme charitable voulait bien m'éclairer sur ce qui cloche dans c'te p*tain de début sur lequel je galère depuis des mois, je lui en serais reconnaissante :
En cette heure du jour, la plaine d’Ymaneos resplendissait. Sur les champs, le soleil jetait les derniers rayons dorés du couchant. Le long des hautes herbes des lisières, de petites taches lumineuses crépitaient avant de s’éteindre une à une, remportant avec elles la chaleur de la journée, laissant pour souvenir celle de la nuit, plus veloutée. Le ciel dont la clarté finissait d’irradier le sol s’assombrissait au Nord, et le vent parfumé des effluves salés qui nous venaient de la mer faisait rouler ses lourds nuages au-dessus de la terre. Les feuillages des arbres scintillaient, leurs ombres projetées loin derrière eux, comme s’ils s’agitaient une dernière fois avant d’entrer dans la pénombre.
Notre ferme faisait face à la plaine où se déployaient des kilomètres de champs. Cernée par les vastes espaces et les herbes hautes, elle se tenait un peu à l’écart du village, et seul le sentier qui passait juste devant l’entrée de la cour nous permettait de le rejoindre. Elle comportait un bâtiment, construit tout en longueur, partagé par le milieu entre nos animaux et notre famille. Une des extrémités touchant notre champ, nous pouvions aisément faire sortir les bêtes.
Par la fenêtre de la cuisine, on voyait un peu de ciel, l’arbre au bord du sentier, quelques bouts de champ, et un morceau du muret qui s’était récemment écroulé et que personne n’avait eu le courage de reconstruire. En sortant sur le perron de l’entrée, une petite marche d’une vingtaine de centimètres de haut nous permettait de dominer la cour. Nous avions une cabane, à quelques mètres de l’habitat de nos animaux, qui contenait l’enclos des lapins et des poules, ainsi que le matériel de travail. En regardant mieux, à son entrée on pouvait observer une fourche que quelqu’un de distrait n’avait pas rangé à la sa place ; je soupçonnais Primel, mon petit frère de onze ans.
Dans cette même cour, une poupée aux cheveux de laine était étendue sur le dos, délaissée sans doute depuis plusieurs heures par sa propriétaire. Un peigne fabriqué dans du bois, qui ne devait pas être plus efficace que la paume d’une main, trônait près d’elle. C’était probablement Seza : dérangée dans son activité, elle avait laissé ses affaires en plan. Inutile de lui en faire la remarque : assise sur la même marche où je me tenais, elle avait suivi mon regard et l’avait bien remarqué. Mais, rêveuse, elle pensait à autre chose.
Merci pour votre si gracieuse attention.
Pour conclure, on va faire comme sur iTélé : c'est le moment de l'image décalée.
Voici une famille de playmobils. Les parents s'appellent Marthe et Jean-Pierre, et les enfants de gauche à droite : Flore, Paul, Juliette, Sidoine, Laura, Alexandre, Gabriel, Robbi, Nina, Emilie, et les bébés Célestin et Pénélope.