Parler de ses rêves pour écrire un article révèle un grand manque d'imagination, c'est beaucoup trop facile. Mais je continue en vous racontant quelles choses étranges me sont encore passées par la tête cette nuit : j'ai rêvé que mes frères et soeurs m'avaient opérée du coeur. Ils ont décidé comme ça que je faisais des bruits bizarres donc ils m'ont à moitié étouffée sous des coussins puis ils m'ont balancée sur le tapis du salon (j'ai encore les images dans la tête). Ils m'ont ouvert la cage thoracique comme ça, sans anesthésie, et deux secondes plus tard je me retrouvais avec mon coeur tout gluant et tout palpitant sous le nez, les côtes à l'air. Puis ils ont sorti une paire de ciseaux et clac ! une petite artère coupée. Ils ont remis le coeur à sa place, ni vu ni connu.
Sauf qu'évidemment, aucun d'eux n'avait de diplôme de médecin. Quelques heures après, ils se sont soudainement rendu compte que je courais peut-être un petit risque avec une artère en moins, et ils ont commencé à s'en vouloir. Je n'avais plus que quelques mois à vivre (ce qui est encore beaucoup, certes, mais on a beaucoup de sang dans le corps, il peut se débrouiller encore un peu tout seul). On l'a annoncé aux parents, qui n'étaient pas super contents, mais qui finalement ce sont résignés : "De toute façon, tu es croyante, non ?" Ouais mais bon, c'est pas une grande consolation. Mon père a quand même engueulé mes frères et soeurs pour qu'ils ne recommencent plus, histoire de ne pas perdre un autre gamin ; puis il a déclaré qu'on allait regarder la télé parce qu'il y avait Patrick Sébastien sur la 2 (merci Papa, hein - -'). Je me sentais très proche de Sho dans Arrietty. Comment on peut montrer ce dessin animé à des enfants ? Comment peut-on plus se préoccuper de cette fille minuscule qui va filer le parfait amour avec Spiller quand juste à côté, un garçon va se faire opérer du coeur sans savoir s'il va y survivre ?
Au début ça m'a quand même foutu les boule de savoir que j'allais mourir. Je pensais à mon roman que je ne finirais jamais et à toute la vie que j'aurais pu avoir, et j'espérais que mes frères et soeurs ne culpabiliseraient pas trop. Mais peu à peu, je me résignée et j'ai eu une question d'une grande philosophie : j'écris pour mieux vivre, alors si je meurs, quelle importance ?
Le lendemain je suis retournée au lycée parce qu'il fallait quand même penser aux études. Ce qui posait problème, c'est que j'avais besoin de souffle pour monter les escaliers et qu'on m'avait dit de ne pas trop me fatiguer (pour me faire agoniser un peu plus longtemps). Je me disais : "Tant pis, je préfère prendre quelques jours sur ma vie plutôt qu'arriver en retard en cours" - ce qui est dans la même logique que le reste du rêve.
Ensuite ça a un peu déconné, puis mon réveil a sonné. Je me suis rappelé que le week-end était fini, qu'il était lundi six heures et qu'il fallait se sortir du lit pour aller se geler les fesses dehors et attendre un train qui arrive avec trois plombes de retard, dans l'ultime but d'aller se faire chier entre quatre murs à s'entendre répéter toujours la même chose. J'ai regretté de ne pas être réellement morte. En plus la prof d'histoire rendait les contrôles et j'étais sûre de m'être plantée (en vrai j'ai eu 18.75).
Et puis on avait prévu de la neige et il n'y a pas eu un seul flocon.
Sauf qu'évidemment, aucun d'eux n'avait de diplôme de médecin. Quelques heures après, ils se sont soudainement rendu compte que je courais peut-être un petit risque avec une artère en moins, et ils ont commencé à s'en vouloir. Je n'avais plus que quelques mois à vivre (ce qui est encore beaucoup, certes, mais on a beaucoup de sang dans le corps, il peut se débrouiller encore un peu tout seul). On l'a annoncé aux parents, qui n'étaient pas super contents, mais qui finalement ce sont résignés : "De toute façon, tu es croyante, non ?" Ouais mais bon, c'est pas une grande consolation. Mon père a quand même engueulé mes frères et soeurs pour qu'ils ne recommencent plus, histoire de ne pas perdre un autre gamin ; puis il a déclaré qu'on allait regarder la télé parce qu'il y avait Patrick Sébastien sur la 2 (merci Papa, hein - -'). Je me sentais très proche de Sho dans Arrietty. Comment on peut montrer ce dessin animé à des enfants ? Comment peut-on plus se préoccuper de cette fille minuscule qui va filer le parfait amour avec Spiller quand juste à côté, un garçon va se faire opérer du coeur sans savoir s'il va y survivre ?
Au début ça m'a quand même foutu les boule de savoir que j'allais mourir. Je pensais à mon roman que je ne finirais jamais et à toute la vie que j'aurais pu avoir, et j'espérais que mes frères et soeurs ne culpabiliseraient pas trop. Mais peu à peu, je me résignée et j'ai eu une question d'une grande philosophie : j'écris pour mieux vivre, alors si je meurs, quelle importance ?
Le lendemain je suis retournée au lycée parce qu'il fallait quand même penser aux études. Ce qui posait problème, c'est que j'avais besoin de souffle pour monter les escaliers et qu'on m'avait dit de ne pas trop me fatiguer (pour me faire agoniser un peu plus longtemps). Je me disais : "Tant pis, je préfère prendre quelques jours sur ma vie plutôt qu'arriver en retard en cours" - ce qui est dans la même logique que le reste du rêve.
Ensuite ça a un peu déconné, puis mon réveil a sonné. Je me suis rappelé que le week-end était fini, qu'il était lundi six heures et qu'il fallait se sortir du lit pour aller se geler les fesses dehors et attendre un train qui arrive avec trois plombes de retard, dans l'ultime but d'aller se faire chier entre quatre murs à s'entendre répéter toujours la même chose. J'ai regretté de ne pas être réellement morte. En plus la prof d'histoire rendait les contrôles et j'étais sûre de m'être plantée (en vrai j'ai eu 18.75).
Et puis on avait prévu de la neige et il n'y a pas eu un seul flocon.