C'est un chat très laid qui s'appelait Hortefeux ;
Laid comme ses tiques mais il était courageux.
Dans les mauvaises herbes du jardin il jouait
En journée, mais le soir dans la rue repartait.
Les moustaches face au vent, il n'avait pas peur
Il revenait écorché de ses promenades :
Il se battait avec les chats, ses camarades
Pour un morceau de lard - il crevait trop la dalle
Dans les terrains ténébreux il devait chasser
Car il n'avait d'autre place que des bas de haie,
Le pauvre, personne ne lui donnait à manger !
Ce qui lui manquait surtout, c'est un bol de lait !
Mais il ne se plaignait jamais ; brave et dur
Il était. Devant le danger il ouvrait les yeux
Et guettait l'ennemi ; ainsi il était libre
Et habile : oui, c'était un chat merveilleux.
On ne sait pas comment il a fait pour tenir
Jusqu'à cet âge ; peut-être qu'il se droguait.
En tout cas, quand il rentrait, il était crevé
Aux flash des photos ne pouvait plus réagir
Et quand il se savait regardé, il faisait comme si
Il allait bien ; mais nous, on ne le croyait pas.
On le caressait, c'était l'éclate totale.
Bref, Hortefeux, mon chat, était fantastique.
Mais hier il m'a griffée, ce connard.